La mine Wilhelm-Stollen livre ses secrets
Le local de l’association Val Avenir était rempli vendredi soir pour cette présentation, par son propriétaire, d’une mine au destin original.
Percée par les Allemands en 1901-1906, à l’entrée Est de Sainte-Croix-aux-Mines côté Lorraine, c’était une tentative pour rejoindre le faisceau filonien Musloch-Stimbach connu par quelques galeries en hauteur à la Herrschaft et par des pingen, excavations à l’air libre. Avec des moyens assez rudimentaires, même pour l’époque, notamment l’éclairage avec des lampes à huile, 5OO mètres ont été creusés à l’explosif, formant une droite un peu oblique jusqu’à l’arrivée au filon qui s’est révélé décevant.
Au fond, deux galeries ont ensuite été forées, une vers l’Ouest et l’autre vers l’Est, celle-là arrêtée à moins d’une dizaine de mètres des galeries XVI e de la mine Sainte-Anne de Musloch dont curieusement les Allemands n’avaient pas connaissance.
Attiré tout petit par cette mine, surtout parce qu’on lui interdisait d’y rentrer, son propriétaire Thierry Vincent en est devenu le gardien, attentif et émerveillé.
Quelques belles photos émaillent l’historique de la Wilhelm-Stollen : les mineurs de l’époque, la statue du petit ange installé, tradition oblige, dans une paroi (dans d’autres mines ce sera une statue de sainte Barbe), le wagonnet pouvant contenir 300 à 400 kilos de roche.
Son exploitation étant stoppée dès 1906, la mine servira d’abri anti-aérien pendant la Grande Guerre (Luftschutzstollen), son eau alimentera l’étang de flottage des grumes de la scierie ainsi que sa machine à vapeur, mais là avec quelques problèmes dus à la surcharge en sédiments de l’eau.
Attiré tout petit par cette mine, surtout parce qu’on lui interdisait d’y rentrer, son propriétaire Thierry Vincent en est devenu le gardien, attentif et émerveillé et lui a trouvé une exploitation qui n’est pas près de se tarir : la collecte et l’analyse de données scientifiques.
La moisson est tellement riche que la mine sera présentée en deux conférences, le premier volet plutôt biologique, l’autre plutôt physique appliquée.
La spécificité du milieu souterrain sera montrée avec de magnifiques photos : argile colorée par l’hydroxyde de fer et qui, pris de près, fait penser au sol de Mars, la planète rouge, perles des cavernes ces jolies concrétions brillantes, toiles d’araignées accrochant des gouttelettes d’eau en rivière de diamant, stalactite avec sa goutte d’eau au bout du nez, concrétions d’un bleu azur.
Les clichés de la petite faune montrent la complicité du propriétaire avec ses locataires, papillons, araignées, grenouilles, salamandres et chauves souris ces deux dernières espèces faisant l’objet de comptages et d’un suivi chiffré rigoureux.
Les conditions climatiques très particulières de cette mine dont une température de 14 °C, la plus élevée de toutes les mines de la vallée, offrent des conditions optimales d’hibernation et expliquent l’importante population de salamandres. Le nombre de ces charmantes bestioles noires et jaunes est d’ailleurs tel que leur suivi (capturer, photographier, peser, mesurer, relâcher) sur plusieurs années est devenu épuisant !
Les chauves-souris trouvent aussi dans la galerie fermée par une grille aux barreaux espacés-que certaines franchissent à 40km/h top chrono -un refuge pour l’hiver ; leur nombre est hélas de plus en plus réduit, ce qui désole Thierry Vincent, le seul marchand de sommeil du Val d’Argent qui mériterait la médaille du bon bailleur…
Thierry Vincent a tenu à remercier publiquement son épouse pour l’aide qu’elle lui apporte, pour son soutien et sa patience.
La présentation était tellement bien faite qu’il y a eu très peu de questions et que tout s’est terminé par un pot convivial. La deuxième conférence attirera sans doute tout autant de monde et il vaudra mieux arriver à l’heure que d’escalader les chaises et les genoux pour se caser dans un local qui est parfois victime de son succès.
Le deuxième volet de la conférence sur la mine Wilhelm-Stollen aura lieu le vendredi 9 novembre à 20 h au local de l’association Val Avenir, 60 rue Wilson à Sainte-Marie-aux-Mines, toujours avec Thierry Vincent. Entrée libre.