article DNA par J.L.K.

2012-09-dna

La conférencière Liliane Amoudrouz-Jaudel retrouve en Ginette Ghor une amie d’enfance. Photo DNA

Liliane Amoudruz-Jaudel a instauré une véritable causerie avec la quarantaine de personnes présentes vendredi soir au local de Val Avenir. Une découverte de Sainte-Marie-aux-Mines de l’entre-deux-guerres : quand la ville comptait près de 12 000 habitants.

Alain Florentz, président de Val Avenir, a levé une bonne pioche en invitant Liliane Amoudruz-Jaudel pour une causerie sur Sainte-Marie-aux-Mines sur les années de l’enfance de la « conférencière ». Cette soirée, de découvertes pour les uns de remémorations pour les autres, a plongé la quarantaine de personnes présentes, à l’instar de Pierre Kretz, dans un passé où tout en pansant les plaies du premier conflit mondial, on a semé l’ivraie qui a engendré la deuxième.

Cette soirée a commencé par un moment d’émotion pour Liliane Amoudruz en retrouvant des figures bien connues, à l’instar de Francine Raffner et une amie de son enfance Ginette Glohr-Gies. « On vient toujours de quelque part » : ces premières paroles de la conférencière en retraçant son arbre généalogique, en présentant ses parents et grands-parents Jaudel, épicier en gros de la rue Réber, ont donné le ton de la causerie.

Les sirènes des entreprises textiles

Du Markirch, ville de l’empire germanique de 1870 à 1918 à Sainte-Marie-aux-Mines, des années 1918-1939, Liliane Amoudruz a beaucoup donné mais a aussi reçu bien des précisions à de nombreuses interrogations sur ces années-là. Des souvenirs et des anecdotes ont fusé tout au long de la soirée. Des souvenirs pêle-mêle du conflit de 1914-1918, de la libération, des voitures à chevaux, des premiers camions, des commerces en tout genre, des bistrots, des sirènes des entreprises textiles qui rythmaient les horaires du monde du travail, celle de la première Coop ouvrière rue du Général-Bourgeois, celle des arrivées massives par le train à l’ancienne gare des ouvriers de tout le centre Alsace (on parle de 400 personnes par jour), celle de l’inauguration en grande pompe du tunnel ferroviaire de Sainte-Marie-aux-Mines, celle de la première grande grève où les ouvriers ont défilé en masse, poings tendus dans les rues de la ville.

Toutes ces grandes enseignes commerciales ou artisanales aujourd’hui disparues ont été évoquées, notamment les sœurs, Fluck, Kurtz, les demoiselles Schwartz, les Hof, Meyer, Valentin, Biehler, Ubel, Reithler, Rouvé, Guth, Oberlin et autre Vanderlieb, Schoepff, Gies, Louterbach, Lacher Dégermann, Baradel, et Hofmann. Bien des anecdotes de la conférencière ou des participants ont été rapportées, comme celle de ses premières années de collège réservé alors à une certaine élite financière, celle des nombreuses représentations de tout genre au théâtre avec les deux premiers rangs toujours réservés par la chambre industrielle afin que ces « gens-là » restent entre eux, du premier camion de livraison du papa Jaudel, celle des premières lignes téléphoniques.

On s’est souvenu des quatre cartes d’identité française après 1918 (A, B, C, D) représentant le classement de la population alsacienne en autant de catégories, de cette cache à vin (pour sauver les bouteilles classées de la convoitise allemande), oubliée et découverte au Grand Hôtel lors de travaux de plomberie dans les années 1950.

Bien d’autres histoires encore racontées par ces anciens qui, à l’image de Robert Guerre, ont retrouvé, le temps de cette causerie, l’atmosphère de leur enfance.