Pour que l’après Charlie ne reste pas vain

Article DNA du 17/07/2015

La mobilisation après l’attentat du journal Charlie Hebo avait réuni plus de 300 personnes sur la place Keufer à Sainte-Marie-aux-Mines. L’association Val Avenir avait annoncé ne pas en rester là. Elle propose une exposition où sont réunies les œuvres d’une dizaine de dessinateurs.

Ce diaporama nécessite JavaScript.

Ce matin du mercredi 7 janvier 2015. L’équipe du journal « Charlie Hebdo » est en conférence de rédaction. Cabu, Wolinski, Charb et les autres débattent du contenu du futur numéro. Ils seront froidement abattus par les frères Kouachi… En France et à l’étranger, c’est alors l’émotion… C’était il y a six mois. Déjà.

« En réaction à l’attentat de Charlie Hebdo, 300 personnes se sont réunies sur la place Keufer à Sainte-Marie-aux-Mines à l’invitation de plusieurs associations dont l’association des Maghrébins du Val d’argent, l’association franco-turc et Val Avenir. C’était un moment important. Il était essentiel pour nous de prolonger cet événement pour que l’engagement ne reste pas un vain mot », souligne Alain Florentz, président de l’association Val Avenir.

Une exposition de dessins d’humour et de presse s’est imposée naturellement.

« Ce sont les enfants de la République que l’on a assassinés »

Alain Florentz s’est tourné vers Pascal Lo Vecchio, président de l’association Traits divers et organisateur de Sélesti’val, festival du dessin de presse et d’humour à Sélestat. « C’est quelqu’un que je connais bien et depuis longtemps. Pascal est originaire de Sainte-Marie-aux-Mines. Il a tout de suite été d’accord pour faire le lien entre les dessinateurs et nous. »

Une dizaine de dessinateurs ont ainsi choisi de venir présenter leurs œuvres dans les locaux de Val Avenir jusque septembre. « Ils présentent leurs dessins qui dénoncent des maux de notre société à travers un humour grinçant et une critique acerbe », souligne Alain Florentz.

À l’instar de Ritchie, dessinateur de presse durant de longues années auprès d’un quotidien régional, illustrant aussi des publications municipales. « J’ai été frappé par les événements du 7 janvier. Comme tout le monde. Même si je n’ai jamais particulièrement apprécié Charlie Hebdo. C’est pourquoi je n’ai pas défilé avec une pancarte « Je suis Charlie ». Mais avec un de mes dessins. J’ai croqué Marianne qui pleure sur un fond noir. Car tous ceux qui ont été assassinés sont avant tout des enfants de la République. C’est ce que j’ai voulu représenter par ce symbole : Marianne pleurant ses enfants. D’ailleurs, de nombreuses personnes ont su apprécier ce dessin lorsque je l’ai brandi à Colmar. » Ritchie a rajouté une seconde date à son dessin. Celle du 26 juin dernier, celle des événements tragiques ayant frappé la France, la Tunisie et le Koweït…

« Il ne faut pas courber l’échine devant ces gens-là ! »

Pascal Léonate, dont les pérégrinations graphiques remontent à son enfance, a lui aussi été abasourdi par l’attentat du 7 janvier. « J’ai d’abord été attristé. J’ai ressenti un énorme désarroi. Et puis, en contrecoup, j’ai eu envie de dessiner. J’étais justement dans une phase où je créais moins. Je me suis dit qu’il ne fallait pas courber l’échine, ne pas se laisser manger par ces gens-là. Le dessin est une des premières expressions de l’homme. L’homme a dessiné avant de savoir écrire. Il est bon de le rappeler ! »

Il a donc redonné vie à son personnage sympathique au grand nez. Le petit bonhomme, qui peut aussi être une bonne femme, ne l’a jamais quitté depuis 1986. « Certains me disent qu’il a des airs du Chat de Geluck. Cela me convient bien comme référence. En tout cas, le personnage qui n’a pas de nom, n’a pas sa langue dans sa poche ! » Les dessins de Léonate peuvent aussi bien être cinglants qu’émouvants, aussi attendrissants qu’un brin vachard. « Je suis grossier, mais jamais vulgaire », affirme Léonate reprenant un mot de Coluche.

Le dessin d’humour et de presse n’est pas mort. Il reste plus que jamais une vigie de la démocratie.

 

Exposition pendant les mois de juillet et août à Val Avenir au 60, rue Wilson à Sainte-Marie-aux-Mines. Le vernissage de l’exposition aura lieu le samedi 18 juillet, à 11 h. Des dessinateurs seront présents les 18 et 19 juillet à l’occasion du festival de rue.

 

V.M.