CURIOSITÉ VIVANTE N°3

Bonjour à toutes et à tous

Curiosité vivante,une fenêtre sur la biodiversité locale

par Gérard Freitag, Denis Masson et Alain Florentz

  • Val Avenir vous propose sur son site (www.val-avenir.fr) et dans son local (60, rue Wilson à Ste Marie aux Mines) la mise en lumière d’espèces végétales et animales qui habitent nos milieux.
  • Une fois par mois, sous la loupe du  naturaliste et l’objectif du photographe, des plantes et des animaux sont présentés. Les deux observateurs vous emmènent au plus profond de la biologie de ces êtres vivants tant par les descriptions minutieuses que les agrandissements photographiques, vous permettant d’approcher un monde souvent inconnu. Par sa connaissance des biotopes et de leur écologie, G. Freitag vous dévoilera les relations que tissent ces êtres vivants entre eux mais aussi avec le sol.

Un moyen de mieux connaître la nature, de la respecter et de la protéger.

Vous pourrez lire textes et photos en cliquant sur chaque document.

L’Orchis mâle : On compte en Alsace près de 50 espèces d’orchidées. La nôtre s’appelle en latin Orchis mascula. Elle est fréquente et non moins belle et partage ses principales caractéristiques avec la plupart des orchidées.Les inflorescences sont disposées de manière étagée sur une hampe de 20 à 30 centimètres de hauteur. Quelques feuilles enrobent la tige. Les autres sont disposées en rosace à la base du plant. L’Orchis mâle pousse dans les sous-bois clairs et humides. Il constitue parfois des colonies de plusieurs dizaines de plants. C’est la plus répandue des orchidées d’Alsace. Elle a malgré tout des exigences impératives comme le montre le fait qu’elle ne supporte pas d’être transplantée.

Mais l’Orchis mâle est-il véritablement mâle ? La photographie montre que l’explication est analogique. C’est pour la même raison qu’en allemand on le nomme Knabenkraut : la plante garçonnet. La mauvaise compréhension du latin mascula et qui fait allusion aux taches qui apparaissent sur les feuilles a sans doute aidé aussi à imposer cette dénomination quelque peu fallacieuse. Mais toutes les orchidées n’ont pas des tubercules, les Dactylorhiza par exemple, comme leur nom l’indique, ont des parties souterraines en forme de main. Le plant ici dégagé avec précaution a très bien survécu.

 

Voilà l’escargot tel qu’on aime le peindre et le photographier : le minéral associé au vivant, un corps semble-t-il inventé pour des chorégraphies lentes et sensuelles, un espace de retrait spiralé, de longues cornes sensitives prospectant l’inconnu et se rétractant dès qu’il s’avère hostile. Le bout de leurs hampes est serti d’yeux qui permettent d’apprécier la lumière. Elles sont en outre le siège d’un sens olfactif fortement développé. Elles méritent à elles seules que l’on admire et qu’on aime l’escargot.

 

Voilà un exemplaire qui prend de l’âge. Il serait grand temps pour lui de s’assurer une progéniture. Or l’escargot est hermaphrodite et il a pourtant besoin d’un congénère pour se reproduire. On ne l’aurait pas soupçonné d’être un solitaire obstiné. Ce serait d’ailleurs sur le plan génétique une très mauvaise solution. Mais tout est mis en œuvre pour que l’autofécondation ne puisse pas avoir lieu. Alors comment notre escargot s’y prend-il ? En gros voilà l’affaire. 1 – Chaque escargot produit une substance qui détruit les spermatozoïdes qu’il génère lui-même. 2- Quand deux escargots s’accouplent, ils se transmettent réciproquement une sorte de long étui contenant des spermatozoïdes. 3- Ce long étui résiste assez longtemps aux substances destructrices pour amener son contenu à bon port. Voilà le tour joué. Y aurait-il malgré tout une « morale » ? Peut-être celle de se dire que l’Orchis, comme l’Escargot ne ne renaîtraient pas chaque année sous nos yeux sans de subtiles stratégies de perpétuation.

 

En attendant le prochain numéro,  bonne lecture.