Tout sur l’économie circulaire

Invité par Val Avenir, le Sainte-Marien Mathieu Hestin, consultant en développement durable chez Deloitte, a donné une conférence intitulée « Réinventons nos modes de production et de consommation  » dans le local bien rempli de l’association organisatrice.

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Dans son discours de bienvenue, le président Alain Florentz a signalé que Val Avenir a désormais un nouveau site consultable en ligne et que cette conférence est bien dans l’air du temps au moment où on se rend compte que les ressources ne sont pas inépuisables et qu’il est impératif de trouver un nouveau mode de vie.

Dans la première partie de sa conférence, Mathieu Hestin dresse un tableau sombre, un constat documenté, chiffré et sans appel : 9O % des ressources ne se retrouvent pas dans les produits finis, 95 % des ressources extraites deviennent des déchets au bout de six mois, en un an un Européen produit 500 kg de déchets et l’Europe 3 milliards. Les ressources se raréfient, le prix des matières premières augmente de manière significative depuis les années 2000, il n’y aura plus d’argent à extraire en 2020, plus d’or ni de plomb et d’étain en 2025. Quant aux terres rares si employées en informatique, non seulement elles méritent bien leur nom mais elles proviennent de Chine à 95 %.

Porteur d’espoir

Le deuxième volet de la conférence est beaucoup plus gai et porteur d’espoir. Il débute par la magnifique formule de Lavoisier « rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme » et prône un autre mode de consommation, copié sur la nature.

Tout d’abord l’éco-conception qui consiste à réfléchir avant toute construction ou installation. L’exemple le plus abouti est la zone industrielle de Kalundborg, au Danemark, où les différentes usines s’échangent entre elles énergie et sous produits, rejetés par les unes et exploités par les autres, ce qui donne une symbiose industrielle, un lieu d’échanges comme un biotope dans la nature.

Une autre piste est l’économie de fonctionnalité qui consiste à vendre son usage mais pas la machine qui reste propriété du constructeur et dont il assume l’entretien. Cette formule est aussi, comme le dit joliment le conférencier, un « vaccin contre l’obsolescence programmée », à savoir tous ces équipements électroménagers qui tombent en panne le plus souvent irréparable au bout de quelques années.

L’économie de collaboration est aussi un bon frein au gaspillage des ressources et fait de plus économiser de l’argent. Quand on sait qu’une perceuse est utilisée en moyenne sept minutes par an, qu’une voiture est à l’arrêt à 96 % de son temps, on perçoit tout l’intérêt de la mutualisation des biens. Des services comme airbnb ou couchsurfing pour l’échange d’appartements, de blablacar pour le covoiturage, d’auto ou de vélo lib dans les grandes villes ont désormais des millions d’utilisateurs.

Gâchis et mutualisation

Le dernier domaine cité sera celui du ré emploi et du recyclage, avec une nette préférence pour le ré emploi qui induit 23 emplois à temps plein pour 1OOO tonnes d’objets jetés contre un seul emploi s’il s’agit de recyclage. Pour le ré emploi seront cités les brocantes et vide-greniers, les œuvres caritatives, l’économie sociale et solidaire comme Emmaüs et bien sûr les sites de ventes d’occasion sur internet.

Mathieu Hestin a terminé en indiquant que Paris allait devenir le leader mondial de l’économie circulaire et qu’il y participe, avec des centaines de personnes. Très intéressé, le public s’est dit bien conscient du problème d’épuisement des ressources, du gâchis fait par une consommation effrénée mais a aussi affirmé qu’il est plus difficile de mutualiser les biens et les services dans le monde rural.

B.B.